L’impact de la qualité des carburants sur les véhicules en Algérie

carburants

En Algérie, où le parc automobile est largement dominé par les véhicules à moteur thermique, la question de la qualité du carburant — aussi bien essence que diesel — est devenue centrale. De nombreux automobilistes, garagistes et experts dénoncent les effets néfastes d’un carburant de mauvaise qualité sur la performance des moteurs, leur durabilité, mais aussi sur la consommation et les coûts d’entretien.

Dans un contexte de modernisation progressive du secteur énergétique, il est essentiel de comprendre comment la qualité du carburant influe sur la mécanique, quels sont les risques pour les véhicules roulant à l’essence ou au diesel, et quelles mesures peuvent être prises par les conducteurs et les autorités.

Les carburants disponibles en Algérie

En Algérie, les carburants principaux sont :

  • Essence sans plomb 91 (remplaçant de l’ancienne super),
  • Essence sans plomb 95 (encore peu répandue),
  • GPL (Sirghaz),
  • Gasoil (diesel), toujours très utilisé dans le transport de marchandises et les véhicules particuliers.

a. Essence

L’essence distribuée en Algérie est censée respecter la norme NA 211, avec un indice d’octane minimal. Toutefois, les tests sur le terrain révèlent souvent des indices inférieurs à la norme, des problèmes de stockage, ou une contamination par l’eau ou des particules.

b. Diesel

Le diesel algérien est encore largement basé sur des standards pré-Euro 5, avec une teneur en soufre relativement élevée, malgré une amélioration progressive ces dernières années. Ce soufre, particulièrement nocif pour les moteurs modernes, est la principale source de problèmes mécaniques et environnementaux.

Carburant de mauvaise qualité : quels effets mécaniques ?

Sur les moteurs essence

Une essence de mauvaise qualité peut causer :

  • Encrassement des bougies d’allumage,
  • Ratés d’allumage et perte de puissance,
  • Cliquetis moteur dus à un indice d’octane trop bas,
  • Encrassement des injecteurs et des soupapes.

Résultat : une augmentation de la consommation, un ralentissement des performances et, à terme, une usure prématurée du moteur.

Sur les moteurs diesel

Le diesel, s’il est de mauvaise qualité ou mal raffiné, peut entraîner :

  • Colmatage du filtre à particules (FAP) — obligatoire sur les moteurs récents,
  • Dégradation des injecteurs haute pression (common rail),
  • Encrassement de la vanne EGR,
  • Présence de paraffine en hiver, pouvant geler dans le circuit d’alimentation.

Le soufre contenu dans le diesel peu raffiné provoque aussi des dépôts acides, qui attaquent les composants internes et détériorent l’huile moteur.

Témoignages et observations terrain

De nombreux automobilistes algériens constatent que :

  • Leur voiture « broute » après un plein dans certaines stations,
  • Le voyant moteur s’allume de manière anormale,
  • Le véhicule émet plus de fumée noire,
  • Les interventions en garage se multiplient : nettoyage des injecteurs, changement prématuré des filtres, problèmes de démarrage à froid, etc.

Les mécaniciens eux-mêmes confirment une corrélation entre les régions ou stations-service moins contrôlées et l’apparition fréquente de pannes dues au carburant.

Impact économique pour les conducteurs algériens

Les effets d’un carburant de mauvaise qualité se traduisent en coûts concrets :

  • Remplacement de la pompe à carburant : 25 000 à 50 000 DA,
  • Nettoyage du système d’injection : jusqu’à 15 000 DA,
  • Filtre à carburant : à changer plus souvent (10 000 km au lieu de 20 000),
  • Surconsommation de 10 à 20 % constatée par certains automobilistes.

Dans les régions rurales ou éloignées, où la qualité de stockage est plus aléatoire, ces dépenses deviennent un véritable poids économique, notamment pour les professions dépendantes du transport (taxis, livreurs, chauffeurs de bus).

Diesel et pollution : un double impact

Les moteurs diesel mal alimentés polluent davantage. Un gasoil à haute teneur en soufre entraîne :

  • Émission accrue de particules fines, très nocives pour la santé,
  • Défaillance des systèmes antipollution, comme le FAP ou la vanne EGR,
  • Rejets acides qui attaquent les composants mécaniques.

Certains pays africains ou asiatiques refusent même les importations de diesel à forte teneur en soufre — un carburant que l’Algérie continue parfois à utiliser localement.

L’État face au défi de la qualité

Le gouvernement algérien a entamé plusieurs actions :

  • Modernisation des raffineries (Skikda, Arzew, Hassi Messaoud),
  • Lancement progressif du diesel Euro 5, en collaboration avec Sonatrach,
  • Encouragement du GPL (Sirghaz) pour alléger la dépendance aux carburants fossiles lourds,
  • Contrôles techniques accrus dans certaines stations.

Conseils aux automobilistes : comment se protéger ?

Pour limiter les dégâts dus au carburant, voici quelques gestes simples mais efficaces :

  • Faire le plein dans des stations réputées et bien approvisionnées,
  • Éviter les pleins juste après le remplissage des cuves (risques de résidus),
  • Changer le filtre à carburant régulièrement (essence : 15 000 km, diesel : 10 000 km),
  • Utiliser des additifs de nettoyage pour injecteurs, surtout sur diesel,
  • Faire diagnostiquer le moteur au moindre signe de perte de puissance ou de fumée.

Et demain ? Transition énergétique et carburants propres

La voie durable pour améliorer la situation passe par :

  • L’adoption massive du diesel Euro 6,
  • Le développement du GPL, hybride et électrique,
  • Une labellisation des stations-service fiables, comme cela existe ailleurs.

Les automobilistes eux-mêmes peuvent soutenir cette transition en favorisant les énergies propres et en réclamant une meilleure traçabilité des produits énergétiques qu’ils consomment.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *